Lorsque Diana, simple femme de ménage de soixante ans, apprit que son fils unique Arnold allait se marier, son cœur déborda de fierté. Depuis toujours, elle avait rêvé de ce jour. Pour marquer l’occasion, elle sacrifia toutes ses économies et acheta un élégant costume bleu, persuadée que son fils rayonnerait dedans.
Mais lorsqu’elle lui présenta le précieux vêtement, le sourire d’Arnold se mua en grimace.
— Je ne porterai jamais un costume aussi banal à mon mariage ! protesta-t-il. Je me marie avec la fille d’un homme riche, je ne peux pas avoir l’air ridicule devant sa famille.
Les paroles cinglantes frappèrent Diana de plein fouet. Elle tenta de garder contenance, mais son fils alla encore plus loin :
— Et surtout, ne viens pas à la cérémonie. Je ne veux pas que les gens sachent que ma mère est femme de ménage. Tu me ferais honte.
Effondrée, Diana passa la nuit à pleurer. Pourtant, le matin du mariage, son cœur de mère prit le dessus. Elle choisit sa plus belle robe, prépara un modeste cadeau — un vieux vase de famille — et décida d’assister malgré tout à ce grand jour.
À l’église, ses collègues et son patron, invités eux aussi, l’accueillirent avec chaleur. Diana souriait timidement, les larmes aux yeux en voyant Arnold échanger ses vœux avec Masha.
Lors de la réception, elle s’approcha des jeunes mariés, son cadeau dans les mains. Arnold, gêné de la voir, prit la boîte à contrecœur. En découvrant le vase, il bouillonna intérieurement. « Encore une vieillerie sans valeur », pensa-t-il en cherchant un coin pour s’en débarrasser.
C’est alors que la voix tremblante de Diana résonna dans le micro :
— Il y a vingt-cinq ans, juste avant de mourir, ma meilleure amie m’a confié ce vase, en me faisant promettre de le donner un jour à son fils, le jour de son mariage. Cet enfant, je l’ai adopté… et je l’ai élevé comme le mien. Arnold, ce fils, c’est toi.
Un silence bouleversant tomba sur la salle. Arnold, pétrifié, serra le vase contre lui et l’ouvrit. À l’intérieur, soigneusement dissimulées, reposaient des liasses de billets que sa mère biologique lui avait laissées en héritage.
Les larmes montèrent aux yeux du marié. Tout s’éclaira : la femme qu’il avait honte de présenter n’était pas sa mère de sang, mais celle qui avait renoncé à tout, par amour, pour l’élever.
Il tomba à genoux devant Diana.
— Maman… pardonne-moi. Tu as été la seule vraie mère que j’ai jamais eue. Je t’ai humiliée, et pourtant, tu m’as toujours donné ton amour. Ne me quitte pas, je t’en supplie.
Diana le prit dans ses bras, ses larmes se mêlant aux siennes. Ensemble, ils revinrent sur la piste de danse. Cette fois, Arnold ne dansa pas avec sa fiancée, mais avec celle qu’il appela, le cœur gonflé de reconnaissance :
— Je t’aime, maman.
Et Diana sourit enfin, sachant que son sacrifice n’avait pas été vain.