Faux-pas dans le couple : découvrir que ma belle-mère avait emménagé pendant mon séjour à la maternité

Kristina, encore à la maternité, apprit que sa belle-mère venait emménager chez eux. À peine rentrée à la maison, elle découvrit que la petite baignoire et le paquet de couches qu’elle avait achetés avaient été relégués sur le balcon : la nouvelle grand-mère s’était immédiatement appropriée le bébé, repoussant gentiment les parents.

« Quel bonheur, c’est un garçon ! » gazouillait-elle au téléphone. « J’ai toujours rêvé d’appeler mon fils Karp ; appelez votre petit Karp ! »
« Véra Nikolaïevna, nous avons déjà choisi : il s’appellera Sergueï. Sergueï Andreïevitch », répondit, incrédule, Kristina.
« Encore une fois tu ne m’écoutes pas ! » s’emporta la grand-mère. « Quel Sergueï ? Avec tous ces prénoms, on pourrait bâtir une clôture ! J’ai trouvé un nom fort et magnifique, et toi tu fais la tête ? Égoïste ! » Elle raccrocha, furieuse.

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« Mes propres fils, je les ai appelés Andreï et Alexeï… et pour mon petit-fils, rien de mieux que Karp ! » songea Kristina, blessée. Quand elle raconta la scène à André, son mari éclata de rire : « Tu te rappelles de ton rêve ? Quelle était cette grosse carpe ? »

Mariés depuis plus de dix ans sans avoir d’enfant—carrière, voyages, appartement—ils avaient cru devoir renoncer après de longues années de bilans médicaux infructueux. Le jour de leurs noces de coton, ils avaient accepté leur destin de « couple sans enfant », et André, la larme à l’œil, avait murmuré : « Ce n’est pas notre destinée, mais je t’aime et je veux vieillir avec toi. »

Un mois plus tard, Kristina rêva d’une immense carpe dans la salle de bains : « André, regarde qui s’est invité ! Mais tu n’es pas allé à la pêche ! » s’était-elle écriée en songe. Sa collègue Tamara l’avait sournoisement taquinée : « Tu verras, ce rêve annonce une grossesse ! » Cinq jours de retard, deux traits sur le test : elle était enceinte.

La grossesse se déroula sans encombre, hormis des nausées matinales, jusqu’à ce que la grand-mère débarque pour « quelques jours d’aide » et ne s’incruste pour de bon.

Véra Nikolaïevna, femme active aux idées rétrogrades, décréta que Kristina devait préparer « cinquante langes, flanelle et mousseline », tout laver et repasser « à fond ». Kristina préférait bodies et couches jetables, mais sa belle-mère insista : « Pas de plastique qui fait transpirer ! Je vais t’apprendre ! » Finalement, Kristina céda sur la couleur et le motif, mais faillit craquer en découvrant des langes ornés de canards et d’ours.

À la maternité, la belle-mère tortilla distraitement les jeunes parents pour mieux emporter leur fils à la maison. Le couple retrouva ses affaires de puériculture sur le balcon et se vit dicté la « vraie » méthode de bain : installer une bâche, pas une baignoire, et emmailloter le bébé dans deux langes. Le petit hurla, trempé et enveloppé de savon, coiffé d’un bonnet censé le protéger du froid.

Cette première nuit fut un cauchemar : change après change, personne ne dormit. Au matin, un amas de langes sales, des cernes sous les yeux, et le bébé couvert de plaques rouges. Kristina pensa à la transpiration, sa belle-mère incrimina aussitôt son alimentation : « C’est ce que tu as mangé ! » Puis l’idée de mélanger au lait maternel une préparation infantile… refus catégorique de Kristina.

Quand le poids du bébé chuta, elle comprit que sa mère occupait trop son fils. Le lendemain, elle refusa net que sa belle-mère prenne à nouveau l’enfant : aussitôt, le petit reprit du poids. Véra Nikolaïevna, vexée, se plaignit qu’on « torturait » l’enfant. Kristina décida alors de protéger son rôle de mère et demanda à André de l’informer qu’ils n’avaient plus besoin « d’aide ».

Véra Nikolaïevna fulmina : « J’espérais encore rester deux mois ! Qui c’est, mon Karpoushka sans moi ? »
— On viendra te voir, assura André.
Chaque week-end, ils se rendaient chez elle ; elle saisissait le bébé pour le cajoler, repoussant la bru : « Allez, partez, je le garde mieux que vous ! »
— Et tu vas le nourrir comment ? avait plaisanté Kristina.
— Je trouverai le meilleur lait ! Pas ta bouillie ! »

De retour dans la rue, Kristina confia à son mari : « On voit bien qu’elle ne vous a pas assez gardés, toi et ton frère… »
— On vivait souvent chez elle, admit André.
— Eh bien, elle va devoir se faire à son rôle : grand-mère, pas maman.

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