Quatre ans après la disparition de son mari lors d’une randonnée en solitaire, Maggie avait fini par accepter l’inacceptable : Jason ne reviendrait jamais. La douleur s’était muée en résignation, et la vie, tant bien que mal, avait repris son cours. Mais ce qu’elle croyait scellé à jamais allait basculer un après-midi d’été, lorsqu’un visiteur inattendu franchit à nouveau le seuil de sa vie.
C’était Scout, leur vieux chien. Amaigri, éreinté, le pelage emmêlé, il s’avançait lentement vers elle. Maggie eut du mal à croire ce qu’elle voyait : l’animal qu’elle pensait perdu pour toujours était bien là, planté devant elle, une veste entre les crocs. Et pas n’importe laquelle. Celle de Jason, celle qu’il portait le jour de sa disparition.
Le souffle court, elle s’approcha, mais Scout fit volte-face et repartit vers la forêt. Sans réfléchir, Maggie attrapa ses clés et son téléphone, lançant aux enfants un « Ne bougez pas, maman revient vite ! », avant de se lancer à sa poursuite.
Le chien avançait d’un pas assuré, l’entraînant sous les branches basses et au-delà des sentiers connus. Chaque pas la rapprochait d’une vérité qu’elle n’était pas certaine de vouloir découvrir. Et puis, au détour d’un sous-bois, elle la vit : une cabane dissimulée entre les arbres, si rudimentaire qu’on aurait pu passer devant sans la remarquer. De la fumée s’échappait d’un foyer de fortune, et des empreintes récentes marquaient la terre humide.
Maggie sentit son cœur s’emballer. Tout son être hurlait que c’était impossible. Mais lorsqu’elle se risqua à jeter un regard par la fenêtre, ses doutes s’effondrèrent.
Jason était là. Transformé, méconnaissable : cheveux longs, barbe sauvage, allure d’ermite. Et surtout… il n’était pas seul. Une femme l’accompagnait, familière dans son quotidien, presque domestiquée à ses côtés.
À cet instant, Maggie comprit que l’homme qu’elle avait aimé, espéré, pleuré, n’existait plus. Dans cette cabane, elle n’avait pas retrouvé son mari ; elle avait trouvé un étranger.
Le retour de Scout lui avait offert une vérité douloureuse mais nécessaire : il était temps de tourner la page. Jason avait choisi une autre vie, et la sienne, désormais, appartenait à ses enfants et à elle-même.